06 June, 2019
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SAES Conference 2019

Aix-Marseille Université – Aix-en-Provence 2019

SAIT Workshop (Société Angliciste – Arts, Images, Textes)

Organisers:

Anne-Pascale Bruneau-Rumsey (Université Paris-Nanterre, CREA-EA 370)
Isabelle Gadoin (CNRS équipe Thalim / Université de Poitiers, FoReLLIS B1-EA 3816)
Anne-Florence Gillard-Estrada (Université de Rouen-Normandie, ERIAC-EA 4705)

PROGRAMME

Thursday 6 Jun 2019

13 h 30–16 h 30

Ateliers I

Bâtiment Egger – salles aile A (to be confirmed)

13 h 30

Béatrice Laurent
Université Bordeaux Montaigne, CLIMAS (EA 4196)

Exception, no exception

‘The Creative Genius’, ‘The Visionary Philosopher’, ‘The Pioneering Scientist’ share the characteristic of exceptionality. They stand out from the cohort of contemporary artists, thinkers, or men of science because of their capacity to envision the future, and to guide us there. Exceptional talent, inspiration, and brainpower mark them as solitary virtuosi, and as the posthumous heralds of schools or movements. Do these statements sound sensible? What if they were not? What if ‘The Exception’ was an a posteriori mystification? ‘The Exception’ is frequently the first-of-a-kind. This, I would like to suggest, is not a fact, but a judgment. It enables us to conveniently narrate the past, and to make sense of both past and present, by inventing a genealogy starting with the original and exceptional Genius. Narrations need heroes, and the classical ones are exceptional. ‘The Exception’ can also, more rarely, be the one-of-a-kind. Yet, if ‘Exceptions’ was the generic title of the blank square for those who don’t fit in the grand grid where we like to store data, it would be so full as to become ridiculous, and to prove ultimately that ‘The Exception’ is no exception.

13 h 55

Carole Delhorme
Université Jean Moulin-Lyon III, IETT (EA4186)

‘To see the object as in itself it really is not’ : entre critique et création, l’exception de la critique d’art chez Oscar Wilde

Dans son essai intitulé « The Critic as Artist », Oscar Wilde propose un programme singulier pour la critique d’art. Dans la lignée de la critique subjective et impressionniste revendiquée par Walter Pater, qui reniait déjà l’objectivité prescrite par Matthew Arnold, il assigne au critique le rôle de véritable créateur. Il n’incomberait pas à celui-ci de décrire, d’analyser ou d’évaluer les œuvres d’art, mais de les interpréter selon sa propre sensibilité artistique et de s’en inspirer pour créer une nouvelle œuvre à part entière. Le programme wildien semble porter un projet centré sur l’exception à deux égards. En premier lieu, il propose un type de critique qui échappe à la classification. Située aux confins de la critique et de la création, la critique déroge aux canons et aux principes de la critique d’art traditionnelle. En outre, elle revendique son indétermination générique : article, essai, poème ou passage romanesque, tous les genres peuvent prétendre à la qualification de critique créatrice. En second lieu, le programme de la critique créatrice vient remodeler la relation que le texte entretient avec le tableau, en affirmant l’écart et la différence comme ses principes organisateurs : il s’agirait de voir l’objet telle qu’il n’est pas. A ce sujet, nous analyserons les articles de presse écrits par Wilde concernant des expositions de la Grosvenor Gallery en 1877 et 1879, rassemblés ensuite par Robert Ross dans le volume Miscellanies. Enfin, le projet de la Grosvenor Gallery porte lui-même un projet d’exception au sein du paysage pictural et muséographique victorien. A contre-courant des expositions de la Royal Academy, la Grosvenor Gallery fait valoir une muséographie exceptionnelle en quête de renouveau. En outre, des artistes dérogeant aux conventions académiques de la Royal Academy y exposèrent leurs œuvres, faisant figure d’exclus et d’intrus vis-à-vis de l’institution prédominante et de ses codes.

14 h 20

Claire McKeown
Université de Haute Alsace, ILLE (EA 4363)

L’exception impressionniste

Claude Monet décrit le roman Tinede l’auteur danois Herman Bang comme « le seul roman impressionniste que je connais », mais selon Joseph Conrad c’est l’américain Stephen Crane qui est « le seul impressionniste mais seulement un impressionniste ». Dès la période suivant le choc des premiers tableaux impressionnistes, la question de l’impressionnisme littéraire perturbe le discours littéraire et critique. Il apparaît tantôt comme signe de renouveau, tantôt comme notion floue critiquée pour ses contours imprécis. Les auteurs qui ont eux-mêmes cité l’impressionnisme de certaines de leurs œuvres, comme Thomas Hardy, Henry James, Virginia Woolf ou Ford Madox Ford, témoignent d’une hésitation similaire entre revendication fière et autodérision. L’impressionnisme littéraire a donc manifestement un statut exceptionnel : il est à la fois écarté pour son manque de définition et de modalités fixes, et essentiel aux discours sur la modernité littéraire de la fin du XIXe siècle. Il s’agira de voir si, à travers l’étude de quelques exemples de sa théorisation par les auteurs, et ses manifestations stylistiques dans les textes, il est possible d’apporter une cohérence à la position contradictoire de l’impressionnisme littéraire.

14 h 45 DISCUSSION & PAUSE

15 h 00

Isabelle Gadoin
CNRS équipe Thalim / Université de Poitiers, FoReLLIS B1 (EA 3816)

On rare photographic illustrations of Omar Khayyam’s Rubaiyat: aesthetic experimentations, complacent exoticism, or truly exceptional creations?

In 1903, the American photographer Adelaide Hanscom Leeson produced a version of Khayyam’s Quatrainswhich was enthusiastically received in the USA. The photos she produced as “illustrations” (a notion to be discussed) actually had very little to do with the poems, which they mostly used as pretext for Pictorialist experimentations with the human figure and the nude. Diametrically opposed to this was the work of the British amateur photographer Mabel Eardley-Wilmot, who also published a photographically-illustrated version of the Rubaiyat; but based on realistic shots of her travels in the East. In his critical study of Photo-Poetic works (2018), Michael Nott criticizes the latter volume as too narrowly “Orientalist” in the Saidian sense of the word – but which of the two books was the truly exceptional one? This is what the paper aims to investigate, on the basis of, and in response to, Nott’s theses.

15 h 25

Catherine Delyfer
Université Toulouse 2, CAS (EA801)

Livre d’art, livre d’exception?

En 1921, le relieur et éditeur parisien René Kieffer publie l’un des plus beaux livres illustrés de l’artiste écossaise Jessie Marion King. Il s’agit d’une édition de luxe, tirée à 550 exemplaires numérotés, de la nouvelle de R. Kipling, “L’habitation forcée”, traduite pour la première fois en français par Louis Fabulet. Le livre contient 28 illustrations Art Déco colorées au pochoir de la main de Jessie Marion King. Quant à l’extravagante reliure, en peau de serpent ornée d’un médaillon doré, elle est réalisée par Kieffer lui-même. Après avoir analysé le contexte de production d’un tel ouvrage, on s’interrogera sur les modalités et les enjeux du rapport texte/image afin de déterminer comment et pourquoi cette modeste nouvelle de Kipling fut extraite du recueil Actions and Reactions(1909) et élevée au rang d’objet précieux, rare, exceptionnel.

15 h 50

Oriane Monthéard
Université de Rouen-Normandie, ERIAC (EA 4705)

L’exception à l’épreuve de l’imitation dans Gemma Bovery de Posy Simmonds

D’un genre quasi inclassable, Gemma Bovery emprunte à la bande dessinée et au roman graphique, voire au roman illustré, tout en intégrant volontiers collages épistolaires, listes et extraits littéraires. Aussi, cet objet intitulé Gemma Bovery, dont le format ne correspond ni à l’album bande dessinée ni au livre, s’affiche comme une anomalie éditoriale. Quant au mode narratif, il conjugue le discours de la confession à celui de la biographie fabriquée. Au-delà de ces quelques caractéristiques annonciatrices de dispositifs visuels et narratifs peu communs, l’idée de l’exception innerve l’œuvre à travers le rapport complexe au modèle, qu’il soit social, littéraire ou pictural. L’intrigue de Gemma Bovery explore la notion d’abord dans sa dimension culturelle et sociale, en confrontant l’exception française et l’excentricité anglaise pour les croiser avec leur envers, le lieu commun ou le prévisible. Traitée sur le mode satirique, la quête d’une destinée d’exception, censée être fantasmée par les personnages, est représentée à rebours pour en exposer toute la fragilité. Le jeu avec le modèle littéraire qui sous-tend Gemma Boverypermet également à Posy Simmonds de s’interroger sur la notion de héros et de son caractère supposé exceptionnel : façonnés à partir des personnages flaubertiens, Gemma et Charles Bovery incarnent à la fois le mythe littéraire et le sort des gens ordinaires. A travers eux, et sous le regard déformant du narrateur, le banal devient exceptionnel et l’exception se teinte de médiocrité. Le rapport à la copie, cette ennemie de l’exception, se retrouve enfin à l’échelle de l’œuvre. La transposition littéraire par le code bande dessinée conduit à la création d’un genre a priori soumis au modèle romanesque. Gemma Bovery semble pourtant prendre le contrepied de ces conventions, tant la prise de distance constante réfute l’idée que la légitimité du roman graphique est encore à conquérir.

16 h 15 DISCUSSION

Vendredi 7 juin 2019

9 h 00–10 h 30

Ateliers II

Bâtiment Egger – salles aile A (à confirmer)

9h 00

Christine Reynier
Université Paul-Valéry Montpellier 3, EMMA (EA741)

The Exceptional Grandeur of Small Objects: Paul Scott’s Ceramics

Little known in France, Paul Scott has begun to make a name for himself in Britain and other countries such as Canada, Denmark or Norway, where several exhibitions of his artworks have been organized since the early 1990s. His is a humble art or craft – ceramics. Paul Scott makes blue and white teacups, plates and dishes in glazed ceramic, drawing on traditional patterns and decorative techniques, recycling and updating them to comment on our contemporary society. This paper will deal with the uniqueness and originality of Paul Scott’s art. It both means to investigate Paul Scott’s unique dialogue with artists and practices of the past and the present, and to show how the ceramist reveals the exceptional grandeur of small things, small objects. I will argue that by choosing to design tableware – plates and dishes, initially meant for food – Paul Scott places his art at the center of a network connecting human beings and other living beings, devising a way-of-being-with-the-world, a way of inhabiting it and an art of living where ethical, environmental, political and aesthetic concerns come together. Corinne Pelluchon’s phenomenology, which comes in the wake of Husserl’s and Levinas’ works, and Henri Maldiney’s writings on the landscape will help to illuminate Paul Scott’s relational conception of the subject and his deeply committed art, firmly anchored in todays’ world.

9 h 25

Coralie Griffon
Université de Technologie de Compiègne, IETT (EA4186,U. Lyon 3)

Le refus de l’exception chez Antony Gormley : l’universalité de la figure de l’artiste

Comme le souligne le critique écossaisAlex Thomson, « All (our) writers are outsiders », les écrivains, artistes et penseurs ont, depuis la période du Quattrocento, joui d’une place particulière, exceptionnelle, dans la société occidentale. Aujourd’hui les artistes vont plus loin en utilisant leur propre corps comme outilet/ou comme support artistique. Antony Gormley, artiste contemporain britannique, ne fait pas exception. Nous remarquons que le processus de fabrication de l’œuvredevient lui-même une performance interprétée, mise en scène par l’artiste. En outre le procédé du moulage requiert concentration, présence et pleine conscience– autant d’éléments qui soulignent l’importance du « Je-artiste » qui semble renaître à chaque fois que les croûtes du moule sont brisées. Cependant, l’objet de cette présentation sera de démontrer comment la figure de l’artiste perd de son exceptionnalité afin d’être utilisée pour représenter l’Etre Humain sans frontière civilisationnelle aucune. Cette expérience subjective au cœur du processus de fabrication s’oppose au résultat de ce dernier. En effet, les statues ne comportent pas de détails pouvant rappeler l’identité du modèle-artiste ; elles sont en fait des exemples, des types. Les statues accompagnées de leurs titres invitent plutôt à réfléchir silencieusement sur la nature du corps, à la fois immatérielle et architecturale. Cette étude portant sur la figure de l’artiste dans l’œuvre d’Antony Gormley se conclura avec le paradoxe suivant : le refus de montrer l’artiste comme un être exceptionnel révèle le caractère universel de l’exception. En effet, êtreun être humain est en soi exceptionnel.

9 h 50

Liliane Louvel
Université de Poitiers, FoReLLIS B1 (EA 3816)

Stanley Spencer : peintre excentrique et exceptionnel

La communication essayera de dégager en quoi Stanley Spencer, qualifié d’excentrique par la critique, prend place dans une tradition britannique – celle des Préraphaélites et de la Slade School of Arts (H. Tonks) – qui revendique l’écart (et l’exception) par rapport aux grands courants de son époque venus du continent. En même temps, ce peintre visionnaire annonce de futures innovations plastiques en rupture avec cette tradition. Il a ainsi ouvert la voie à une descendance esthétique pluriforme tout autant qu’exceptionnelle.

10h15 DISCUSSION